Cette euphorbe se reconnait facilement à ses feuilles opposées décussées, et non stipulées. A son port non ramifié.
Malpighiales>Euphorbiaceae>Euphorbieae> Euphorbia lathyris
Lieu(x) où la plante est photographiée: Manche
Ecologie
Euphorbe des friches vivaces rudérales, et devenue commune du fait de sa nitrophilie.
Friches vivaces rudérales méditerranéennes occidentales à centrales, mésohydriques à mésoxérophiles. Dittrichietea viscosae Trinajstić, de Foucault & Jasprica in de Foucault & Jasprica 2019
Economie
Elle prend le nom d’herbe à la taupe, car elle fût réputée éloigner ces petits mammifères, grands militants à l’encontre des gazons monotones et nous l’espérons, des greens de golf sur-irrigués. La légende ne recouvre aucune réalité. Le paysagiste Gilles Clément témoigne qu’elle eut été utilisée comme dépilatoire. Cela doit chauffer. Curieuse idée.
Poison de nivrée en Europe (période allant de l’antiquité au Moyen-âge). La pêche à la nivrée est interdite dans l’Hexagone.
Le poison de nivrée, et la plante tabou des femmes.
Par défaut la plante à latex blanc est ici associée aux Euphorbieae. Plusieurs plantes sont susceptibles de répondre au terme machiguenga « Kogi » (habituellement traduit par « barbasco »): des plantes des genres Phyllantus, Clibadium, Theophrosia, Lonchocarpus.
Cependant, Glenn H. Shepard JR. nomme précisément une fabaceae, et la description de l’utilisation est correspondante (broyage de la racine afin d’en tirer un suc laiteux): il s’agirait donc de Theophrosia toxicofera.
Les Machiguenga vivent dans des rapports homme/femme à peu près égaux. Avec des tâches extrêmement différenciées selon les genres. L’homme chasse et pêche. La Femme produit des légumes et s’occupe de l’univers domestique et des enfants (des garçons jeunes jusque vers 7 ans). Aucun jugement n’est commis sur les tâches. La chasse étant légèrement mis en valeur. Mais l’homme qui se marie va chez ses beaux parents. Et si il n’y a pas de propriété chez les Machiguenga, la femme est pourtant la dépositaire du territoire où ils vivent.
La pêche à la nivrée est une activité que femmes et enfants peuvent faire. Mais il y a un cas un peu particulier …
R1: Esteban, peux tu me parler de cette fameuse nivrée?
Esteban Arias: Cette pêche se pratique en eaux très calmes. D’habitude, les Matsigenka utilisent les racines toutes crues, les frappent à coups de pierre pour libérer l’agent toxique. Ils enveloppent les racines dans de grandes feuilles de bananiers qu’ils lient avec des cordelettes (faites d’écorces). C’est ensuite à l’homme le plus important (souvent le plus âgé ou un chamane) de mettre la boule de nivrée dans le lit de la rivière. Il faut ensuite appuyer avec le pied sur la boule. Quelques minutes après il y a la trace d’une substance blanche à la surface de l’eau. 15 à 30 minutes s’écoulent avant que les poissons commencent à s’agiter. Ils sautent, sont étourdis ou commencent à flotter.
Là c’est le moment! enfants, femmes et hommes confondus commencent à ramasser les poissons, à les frapper (vigoureusement) ou à les flécher.
Il n’y a jamais une femme enceinte lors de cette nivrée (i.e. la nivrée qui est produite avec cette plante là)
(Préalablement ils ont montés un très beau barrage en aval, ce qui retient les poissons)
R1: Et les jeunes femmes, elles y vont?
Esteban Arias: Oui, mais pas si elles ont leurs règles. Elles achèvent les poissons avec des machettes depuis le bord de la rivière. Elles ne se postent jamais au milieu. Surtout, elles attachent une trentaine de poissons par cordelettes, qu’elles vont ensuite échanger au village avec la pèche d’une autre famille. Tout le village sent ensuite le poisson fumé. Une partie de la pêche sera ensuite conservée dans une sorte de salpêtre (travail nocturne des femmes et des fillettes).
[ L’échange à lieu pour embrouiller Imposhitoni, le maître des poissons, car comme tout maître des espèces, il prend revanche contre les enfants des pécheurs. L’échange doit se faire vers le crépuscule, Iria, qui est fille de lune et qui veut littéralement dire « lui le sang »]
R1: Les jeunes femmes ne vont pas pécher dans leur période d’infertilité, période de règles?
Esteban Arias: Une femme qui a sa ménopause peut aller pêcher depuis le bord. Pour un jeune couple … Une femme n’est jamais stérile.
Les règles sont considérées comme un acte, pas comme un rythme. Le sang des menstrues est considéré comme très dangereux.
Alors du coup, ce que je comprend modestement de ma discussion avec Esteban, c’est que la période de règle est une période particulière informante pour les esprits pour qu’ils puissent savoir qui est fertile ou non, c’est à dire qui peut donner la vie … dans le sens de qui est la femme. Et que ce poison de pèche … est dangereux pour les femmes (vis à vis de leurs fertilités)
Quelques plantes à nivrée (La nivrée est interdite dans l’Hexagone):
Autres Dioscorea que le Tamier