Nyctinastie? Les fleurs semblent s’ouvrir fonction d’une certaine dose d’obscurité (temps vraiment très couvert, bien frais pour la saison, lors des prises de vues).
-Les fruits ne sont pas penchés (comme c’est le cas de Datura wrightii, et de Datura innoxia);
-La plante est glabrescente ( à la différence de Datura wrightii et de Datura innoxia ayant des poils; Datura innoxia ayant des poils plus longs)
-La capsule montre des épines à bases plus régulières que celles de Datura ferox. Les capsules de datura ferox tendent à avoir des épines à bases plus fines vers le bas du fruit, et plus épaisses en haut. Les épines de Datura ferox ont une base plus large. Elles sont moins nombreuses, semblent plus longues: elles sont d’une taille supérieure au demi diamètre de la capsule.
-Les dents des feuilles de Datura stramonium sont légèrement mucroné. Parfois donné comme acuminées*. Enfin, Datura ferox est beaucoup plus méridionale.
(noter que datura stramonium var tatula présentent des fleurs mauves pâles)
* Acuminé: se terminant en pointe. Si la pointe est plus petite, il s’agit d’un mucron. Ici les dents des larges des feuilles se terminent en pointe brusquement rétrécies à leurs bases. Ces pointes sont discrètes, je trouve sur les feuilles de cette Datura, mais la comparaison est « parlante ».
2 Variétés sont parfois citées mais sans valeur taxonomique, éventuellement des formes (?), la var. tatula à pétales colorés, et la var. inermis (semblant = var. godronii) laquelle présente des fruits sans épines.
Solanales> Solanaceae>Datura stramonium
Friches annuelles, nitrophiles, thermophiles, euryméditerranéennes. Chenopodietalia muralis Braun-Blanquet in Braun-Blanquet, Gajewski, Wraber & Walas 1936.
L’origine de la stramoine est imprécise: Amérique.
Plante toxique. Paul Jovet regrettait, en 1923, que dans l’est de Paris, les feuilles de cette plante soient fumées en succédané de tabac.
Des daturas sont utilisés rituellement. Ainsi que d’autres solanaceae, dont primordialement le tabac (ci-dessous: tabac blanc à visée ornementale, Nicotiana sylvestris aisément reconnaissable à sa grappe de fleurs très compacte.)
La brugmensie (ici, Brugmensia aurea) est très notamment recherchée pour certains importants rituels dans les Andes. Cette photo a été prise avant qu’une loi parmi les stupides et déplacées qui soit, soit promulguée par des politiciens manifestement dotés d’un cerveau de Lamproie. Toute plante ayant un caractère potentiellement chamanique est désormais interdite en France. C’est faire bien peu de cas de tous les champignons notamment que l’on trouve avec grande facilité dans notre environnement, lesquels sont pour certains bien plus dangereux (ie: Amanita muscaria*, Claviceps pupurea …); Enfin quelle fille, quel gars ici un peu normalement constitué.e (alors que nous n’aimons pas çà) se prendrait comme projet essentiel pour sa vie la consommation, au mieux, d’un cocktail de puissants émétiques (Ayahuasca, donc: pas d’autre danger que la déshydratation) ???
*Amanita muscaria est utilisé dans des rituels chamaniques sur une aire moins que négligeable. Sa préparation est assez délicate.
Des plantes ayant une telle importance ethnologique, au regard de l’humanité et de son histoire, devraient pouvoir donner lieux à musées, même à titre privé (comme l’on s’achète des œuvres d’art, on peut vouloir son musée anthropologique).
Photo suivante: quand le Seripigari a vu çà, il était tellement épaté qu’il en a pris une bouture pour l’emporter chez lui dans la montagne …
*La photo ci dessous, du Brugmensia arborea (Lima), est sous droit. Prise par Ernersto, Lolo, Arias (Merci à lui!); l’astérisque rouge indique donc simplement que la photo est sous droit :
(noter le groupe de feuilles de fabaceae en haut de la photo vers le centre-droit, un Poinciana dont je tiens les graines pour toxiques: elles seraient curatives contre l’asthme. Je ne sais quel est le jeu de la chandelle … Le Poinciana, Caesalpinia pulcherrima, a été tenu par les colons britanniques au Brésil, ainsi qu’aux Philippines comme une abortive: les graines. Il s’agit d’une Fabaceae qui manque d’élégance à l’absorption.)
Du côté de l’anthropologie/philologie, il vaudra mieux lire les travaux d’Esteban Arias qui m’explique cependant que la Brugmensia se dit saaro en Matisgenka … Il y a alors un lien avec un oiseau noir à bec jaune (dont je doute qu’il s’agisse d’un merle) et qui se nomme Nosaaro. Nosaaro s’enivre des fleurs de brugmensia et chante en fin d’été alors qu’un autre arbre lié dans la mythologie, (également?) à fleurs jaunes, et répondant au nom de shimaashiri cesse justement de s’épanouir (shimaashiri: le départ des poissons; shimaa=poisson. Quitte à dire que shiri évoque le mouvement).
On gage en tous cas, que la poésie apparente ne s’apparente pas à un simple folklorisme. Cela ne ressemblerait pas trop à la profondeur et à la vivacité spirituelle de nos cousins d’Amériques.
Matsiguenka, je vous salue!
Lieu(x) où la/les plante(s) est/sont photographiée (s): Datura à Montreuil sous bois, Nicotiana: sans objet, horticole, à Bagnolet, Brugmensia aurea, ornementale, à Bagnolet, Brugmensia arborea à Lima