Anthemis arvensis est un peu exigeant pour son identification. Ainsi, les camomilles au sens large ne peuvent être véritablement distinguées qu’en démontant le capitule, sans nécessairement attendre la graine (cette dernière remarque en contradiction apparente avec les recommandations du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien) mais alors: à condition d’observer suffisamment finement la feuille.
Cladanthus mixtus se distingue car les fleurs en languettes sont nettement jaunes à la base. Cependant, cet indice doit être considéré comme insuffisant en soi . D’autres plantes sont plus discrètement jaunes à la base. Tel cet Anthémis, qui peut l’être très très discrètement.
Noter que les manipulations « intrusives » ne sont licites que tant que la plante n’est pas protégée. La plante traitée ici est soumise à réglementations dans plusieurs régions. Voir plus bas, et explications.
Ainsi, sur la photo ci-dessous, je m’explique mal la tache jaune sur les languettes blanches. Peut-être un effet de lumière au moment de la photographie? Ou encore une curieuse pissée de pollen? Noter qu’on appelle fleurs en languettes ou fleurs ligulées celles qui ressemblent à des pétales. Blanches chez Anthemis arvensis
Chamaemelum nobilis peut également avoir des tâches jaunes discrètes à la base de ses fleurs en languettes. Mais cette dernière a des feuilles dont les segments ultimes sont linéaires-filiformes et non dentées. Ce qui n’est pas le cas ici:
Il est important de bien regarder la forme des segments de cet Anthémis des champs, ainsi que le fait qu’ils soient apiculés-dentés.
Anthemis arvensis présente des bractées scarieuses au niveau du capitule. L’aspect scarieux se trouve beaucoup en haut de ces bractées. Ces bractées, ce sont celles situées sous le capitule et formant le « cul de la fleur ». Anthemis arvensis est en principe rameux.
Comment bien distinguer Anthemis arvensis:
La distinction s’opère en fait par l’observation des fleurs du disque central (les fleurs tubulées). Ici, l’écaille (ou bractéole) se termine en pointe. Noter que c’est aussi le cas chez Cladanthus mixtus alors que les Chamaemelum se distinguent par leurs écailles à sommets nettement élargis comme en une cuiller assez plate.
Les plantes en tous cas hexagonales du genre Cota, comme Cota tinctoria, ont des écailles qui se terminent par une arrête (assez longue: soit environ 30 pour cent de la longueur de la bractéole).
Ci-desous première photo de l’écaille:
La distinction, notamment avec Cladanthus est visible à la forme des fleurs tubulées au centre de l’inflorescence. Ici, la base des fleurs est renflée, et ces fleurs sont comme « posées » sur le réceptacle. Dans les faits: sur l’ovaire, sur la future graine (alors que chez Cladanthus mixtus, la base de la fleur fait comme un chapeau recouvrant la graine seulement d’un côté.)
Cette plante est protégée dans plusieurs régions. Voir plus bas et explications.
Bien remarquer la forme des bractéoles et qu’elles sont pliées. Et qu’elles sont présentes tant au centre que sur le bord du capitule.
Que ces bractéoles sont non dentées-érodées ou plus précisément qu’elles sont régulièrement, assez parfaitement entière: La distinction avec le très très proche Anthemis ruthenica va aussi pouvoir s’opérer sur la feuille dont les segments sont également apiculés. Mais seulement à l’extrémité extérieure de chaque segment. Anthemis ruthenica ne semble pas posséder de segments dentés.
Suite à la pollinisation, le pédoncule reste mince: il s’agit donc d’Anthémis arvensis subsp. arvensis.
Risques de confusions:
- Chamaemelum nobile (En principe rare dans le nord-est de la France. Chemin, bord d’étangs, pelouses mésohygrophyles. sur silice),
- Chamaemelum fuscatum (des friches acidiphiles mésophile jusqu’à amphibie du sud de la France. Les bractées de l’involucre sont bordées de brun.),
- Tripleurospermum inodorum (le T. maritimum est une halophyte à feuilles subcharnues. T. inodorum se trouve quant à lui dans les cultures et friches eutrophiles à annuelles),
- Matricaria chamomilla (Cultures et friches eutrophiles à annuelles),
- Cota altissima (des friches à annuelles basiphiles. Disparue de Corse, Quasi menacée et vulnérable en Limousin, Vulnérable en Aquitaine),
- Cota triumfettii (Pelouse rocailleuses, friches sèches et à sols basiques du sud de la France. Vulnérable en Rhône-Alpes),
- Cladanthus mixtus (Des friches ouvertes acidiphiles plutôt corses et méditerranéennes. Présente ou anciennement présente ailleurs dans l’Hexagone. Plante thermophile. Disparue de Picardie, Protégée en Île de France, Bourgogne, Bretagne, et Midi-Pyrénées),
- Anacyclus clavatus (surtout Friches eutrophiles méditerranéennes. Vulnérable en Corse en Midi-Pyrénées),
- Les Anthemis, et parmi ceux-ci le risque de confusion le plus fort est avec Anthemis ruthenica (pelouses sèches acidiphiles du Haut Rhin, uniquement. Dont l’arrivée est récente dans l’Hexagone.)
Les genres Anthemis, Chamaemelum, Cladanthus, Cota (?), Matricaria, et Tripleurospermum semblent cytologiquement plus que proche. Ils semblent pouvoir s’hybrider. Aussi Jauzein suggère qu’ils puissent être rassemblés sous un seul genre. Sachant que sous l’angle phylogénétique, concernant Cota, la position de Jauzein semble être discutée.
Asterales>Asteraceae>Asteroideae>Anthemideae>Anthemis mixtus
PROTECTION D’ Anthemis arvensis subsp arvensis:
- En danger critique d’extinction en Île-de-France. Code critères C1 (déclin continu.)
Explications nécessaires: La plante a été photographiée au parc des Beaumonts à Montreuil-sous-Bois, une ancienne carrière de Gypse: je ne donne pas cher de la survie des jeunes pousses de l’année prochaines. La plante semble donc avoir été introduite suite à des travaux de réaménagement du parc par l’intercommunalité, au bord d’un prairial à venir. Elle se trouve alors en compagnie d’un lin horticole (Linum grandiflorum), d’un souci, de myosotis (que je n’ai pas pris le temps d’observer).
Suite à une première série de photos ne permettant pas une identification suffisante (voir photo 2: bases jaunes des fleurs en languettes), je décide de retourner en espérant avoir des photos plus précises. Notamment des capitules en fruits (quitte à en prendre un pour la photo et de le remettre au sol ensuite au niveau de la plante -geste pas franchement licite). C’est alors que je trouve alors çà. La grande faucheuse vient juste de passer. J’ai fini par retrouver non les fruits mais les fleurs dans les andains; d’où les photos des capitules éclatés présentées ici:
- En Danger critique d’extinction en Picardie. Code B2Ab ii (déclin continu des zones d’occupations ou localités, ou occupations sévèrement fragmentées)
- Pratiquement menacée en Bretagne. Code B2AB ii et iii ( zone d’occupations trop fragmentées ou qualités de l’habitat)
- Pratiquement menacée en Haute-Normandie. Codes A3c et B2Biii. Réduction de la zone d’occupation prévue en raison de la qualité de l’habitat ou des zones d’occurrences. Mais aussi zones d’occupations trop sévèrement fragmentées.
- Pratiquement menacée en Pays de la Loire. Code B2b i,ii,iii,iv,v (concerne les zones d’occupations fragmentés et le nombre de localités: déclins, superficie, qualité de l’habitat, ainsi que nombre d’individus matures)
- Pratiquement menacée en Franche-Comté. Code A2C (réductions des populations dont les causes ne sont pas comprises, ne cessent pas, ou alors ne sont pas réversibles)
- Vulnérable en Basse-Normandie. Code D2 (la zone d’occupation étant très restreinte et le risque raisonnable d’une absence de prise en compte et d’une protection peut alors amener la plante à l’extinction)
- Vulnérable dans le Nord-Pas-De-Calais. Code D2 (la zone d’occupation étant très restreinte et le risque raisonnable d’une absence de prise en compte et d’une protection peut alors amener la plante à l’extinction)
- Déterminante Znieff dans la Sarthe
Les statuts consultés sur le site de l’INPN (MNHN) 19/10/2024
Ecologie.
Friches d’annuelles et cultures, moissons. Sa présence normale hors des moissons l’exclue en principe des messicoles strictes.
Annuelles commensales des cultures acidophiles. Sperguletalia arvensis Hüppe & Hofmeister 1990
Moissons du Scleranthion annui (Kruseman & J. Vlieger 1939) Sissingh in Westhoff, Dijk, Passchier & Sissingh 1946. Flore commensale de cultures de céréales sur sols acide. [lien à venir]