Nicotiana tabacum est (très très) rarement échappé. Pas très facile à approcher, notamment en fleurs (puisque lors de la culture, les fleurs sont coupées au bénéfice de la production des feuilles, ainsi que l’indique Franck Le Driant). Grosse surprise, donc, rue Chéreau, à Montreuil, 93170 (1 seule plante, octobre 2024).
Melo wi
Póon Garab gi njool na, am kawar fu-nekk. Am na xob yu réy yu bare. Ba ci suufu tóortóor yi.
Am na cabb niroowale bi.
Xob yi am nopp.
Description:
Ce tabac doit être distingué de plusieurs autres espèces ou hybrides.
Nicotiana x sanderae tout comme Nicotiana alata ont des grappes de fleurs beaucoup plus lâches, présentant plutôt de moins nombreuses fleurs. Il en va de même chez Nicotiana plumbaginifolia, semblant également moins feuillu, et beaucoup moins robuste.
Ici, le racème est complexe, la grappe est rameuse. Les fleurs sont nombreuses, présageant d’une grappe plutôt dense. La fleur est à sa sortie, blanc verdâtre, non purement blanche ni (encore?) colorée.
Alien plants of belgium indique un calice réduit pour ce tabac, mais E-floras of china, of Pakistan, of North America indiquent bien un calice présentant une taille autour de 1 cm de long, parfois un peu plus.
La plante est robuste, et même rameuse. Les feuilles sont sessiles, +- décurrentes, et présentent des oreillettes. Les feuilles caulinaires médianes ont environ 20 cm de large, et la feuille se termine de manière aigue à acuminée.
De grandes feuilles sont proches de la grappe florale. Elles sont plus étroite au niveau de cette grappe.
Noter que la distinction avec le tabac à fleur jaune ou jaunâtre, N. langsdorfii, se fait sur la feuille non auriculée chez ce dernier, semblant par ailleurs plus grêle. N. langsdorfii ne semble que très exceptionnellement échappé de culture en Europe.
Tout comme chez N. Alata, la feuille et l’ensemble de la plante est couverte de poils glandulaires visqueux.
Solanales> Solanaceae>Nicotiana tabacum
Ecologie
Cette plante n’est en principe échappée de culture que dans la moitié sud de la France. Ici, la plante est régulièrement éflorée. Il s’agit donc d’une plante (devenue) cultivée, mais sans préjuger de la spontanéité ou d’une volonté de son semis.
Friches annuelles, nitrophiles, thermophiles, euryméditerranéennes. Chenopodietalia muralis Braun-Blanquet in Braun-Blanquet, Gajewski, Wraber & Walas 1936
Intérêt économique.
Produit chamanique répandu en Amazonie.
En ce qui concerne les Matsigenka, Glenn Sheppard a identifié deux espèces utilisées. Celle présentée ici, ainsi que Nicotiana rustica.
Pour celle présentée ici, un supplément d’information sur la morphologie de l’un des cultivars matsigenka serait intéressant puisqu’il est présenté comme à fleurs rouges.
Les deux espèces ont des propriétés chimiques suffisamment proches pour l’utilisation que nous en faisons en occident. Mais il semble que ces deux tabacs puissent être utilisés d’une manière différente par les Matsigenka.
Le tabac à fumer, Nicotiana tabacum, est effectivement fumé … Mais il est partagé à deux: on fume dans la bouche de l’autre. Ce tabac révèle la puissance spirituelle du chamane. Les chamanes fument ensemble et se partagent ainsi leurs puissances. Il s’agit d’un rituel d’alliance entre hameaux.
Concernant Nicotiana rustica, Esteban Arias me dit que pour celui-là, c’est sous forme de crème, de sirop qu’il est consommé. Il est consommé de manière individuelle. Et c’est alors un psychotrope. Sa fonction est celle de la médiation avec le Divin. On doit alors l’envisager comme une sorte de succédané de l’ayahuasca (lequel mélange proviendrait du Brasil). Pour autant, ce tabac (mélangé en outre à une autre plante; recettes différentes transmises par les anthropologues Shepard et Arias) est en fait la drogue historique utilisée dans la région. L’ayahuasca serait arrivée plus récemment, mais aux effets bien plus longs, ce mélange a alors obtenu du succès. Le rituel a pour l’essentiel objet à empêcher la pluie de tomber, laquelle est gênante pour la chasse comme pour le travail aux jardins.
Ce tabac en particulier fait en occident l’objet d’une industrie mortifère.