Lorsque j’étais pas grand, j’habitais une maison, située sur un parcellaire accueillant un jardin largement nourricier appartenant à l’autre maison. Celle des propriétaires. Adorables. Le jardin descendait lentement vers une haie, un talus, un boisement hygrophile, et le ruisseau. A l’ouest du parcellaire, la haie était de noisetiers. J’y allais inlassablement. grimper dedans regarder de loin (de plus haut) la nature jouxtant le cours d’eau, et inlassablement je me faisais souffler les poumons, que ce soit par mon père, par ma mère ou par les propriétaires: « Il y a des serpents, ici! Des vipères!! »
Aujourd’hui, je me demande surtout quel âge je pouvais alors avoir pour être assez léger pour gravir les branches cassantes d’un noisetier.
C’est à mon frère que je dédie ce billet. Car mon frère, il est super!
Le noisetier commun pousse en cépée. C’est donc un arbrisseau. Chacune sait reconnaître un noisetier. L’aspect morphologique pose cependant question. Très orthotrope, avec une floraison grandement latéral. Cependant, pour les jardiniers, sa taille dépendra beaucoup de son racinaire d’une part, et de ses bourgeons assez souvent nettement visibles.
MORPHOGENESE:
Sa Morphogénèse est vraiment un peu difficile d’appréhension. Pafois donné en Troll. Mais je ne parviens pas. Désolé. Pour moi … Enfin ce que je vois c’est que les axes latéraux secondaires sont pour beaucoup issus de bourgeons. Autrement dit le tronc n’est pas un axe secondaire prenant naissance au sommet d’un axe primaire courbé car le bourrelet d’insertion concerne la branche visible (si il s’agissait d’un troll, la branche visible serait partie ancienne de l’axe principal et le bourrelet d’insertion de la branche du dessus devenant tronc par la suite serait effacé par le grossissement de ce dernier axe): c’est pour çà que je n’arrive pas à le voir comme çà. Cependant qu’il y a quelques chances que je n’ai réussi à voir correctement que des branches apparaissant dans un second temps, après la morphogénèse.
La plus grosse difficulté vient du fait que la plante soit un arbrisseau. Mais en plus un arbrisseau! Je l’interprète comme un souche, mais en plus une souche: il est cespiteux. Cela nous renvoie donc tranquillement un modèle en Tomlinson.
La seconde difficulté est sa verticalité. L’approche première serait de le renvoyer vers un modèle en Rauh (axe principale vertical, axes secondaires se verticalisant, et donc axes tertiaires prenant naissances sur le dessous des axes secondaires et se verticalisant + fleurs sur le côté des rameaux). Sauf que …
Le problème c’est son développement manifestement sympodial: La forme du tronc, surtout au début. je sèche.
D’autres modèles sont sympodiaux. Et Troll pourrait globalement convenir mais si c’est le cas se poser en tension avec le modèle de Tomlinson.
ECONOMIE ET ECOLOGIE:
Ici (Photo 1),une pratique originale dans un département, où son fruit revêt une importance un peu particulière (plutôt depuis l’est du département).

Il est très aisé de le rencontrer dans les lisières ou bordant les clairières. La lumière lui est pourtant nécessaire pour pouvoir fructifier correctement, puisqu’il ne fleurit pas à l’ombre.
Julve et Rameau diffère légèrement sur son optimum de pH*. Globalement, c’est une neutrophile à large amplitude.
*Considérer leurs accords, mais en prolongeant la question de la lecture du diagramme de Rameau avec une étude de Sylvain Gaudin, et concernant l’optimum, il peut apparaître une légère inclination pour le 7+ chez Rameau, et une légère inclination pour le 7- chez Julve (intermédiaire entre acidocline et neutrophile).
Quoiqu’il en soit, on le trouve en bords de boisements. Souvent, les paléo-écologues, ou paléo-anthropologues vont s’intéresser d’assez près au Chênes et Hêtres (2 bois denses favorables aux feux des foyers, 2 bois durs permettant les constructions). J’aimerai en voir plus à propos du noisetier … En ce qu’il peut se plaire lors de l’ouverture de milieu. De certaines ouvertures de milieu. Certainement n’ai-je pas porté attention suffisante.
Cet arbrisseau est d’un grand intérêt comme indicateur. Surtout en ce qu’il amuse. Rameau le décrit comme une plante nomade. Je suis d’accord. Comment pourrai je ne pas l’être? Cependant, à contrario des photos montrées ici, sa position en pleine lumière n’est pas évidente ou en tous cas pas naturelle. Sa position en sous-bois me semble, peut-être avec un peu trop d’a priori moins importante que sa position en pré-manteaux.
De fait Julve l’intègre à une communauté de plantes pionnières.
C’est incontestablement un indicateur d’ouverture de milieu, mais avec lequel une grande prudence est nécessaire. La plante est ubiquiste.
Pour démontrer que sa présence indique une ouverture de milieu, il faut pouvoir garder en tête son comportement de pionnière/post-pionnière lors des abandons de cultures. Il faut encore garder en tête que l’on peut en trouver en sous-bois, mais sans capacité de floraison.
Si la structure du paysage indique assez bien où l’on trouve les noisetiers (pré-manteau des lisières, clairières, sous bois). La perception de sa position après une longue période de temps va être plus complexe à obtenir. Période parfois moins longue: Les prairies en déprises cèdent très vite aux ourlets en nappe, puis aux pré-manteaux, et boisements. Sur une temporalité de vie humaine, la structure paysagère restant toutefois normalement facilement lisible. D’après Carole Bégeot, une augmentation brutale de la pluie pollinique indique bien plutôt une ouverture du milieu: plutôt de taille modeste ou encore plus petite (seules les traces de fleurs peuvent être utilisées).
Les pionnières « pures » sont alors des indicateurs plus certains de l’ouverture de milieux (bouleaux, trembles, peupliers, saules, aulnes … ); ouvertures sans doute plus larges que celles qui favorisent le noisetier, sauf peut-être Alnus
Anecdotiquement, la région où sont prises les photos se sont plutôt fermées depuis la fin du XIX ème (avec tout d’abord l’instauration de bocages très partiels, l’industrie du bois, abandon des cultures), et le noisetier est ici beaucoup utilisée en haies, produisant alors de très petits fruits. Pommier (Malus domestica régressifs) peut également s’y trouver, ainsi que sans surprise, les 2 chênes inlassablement promeneurs: Quercus robur et Quercus petraea.

Son bois à pu fournir des hampes à flèches aux humains préhistoriques, à partir du mésolithique.
Fait partie des ligneux fourragers.
Arbrisseau à fruits comestibles, attirant Sciurus vulagaris, un petit gibier (non chassé, non mangé et non autorisé à la chasse en France) parfois porteur de la rage. Son fruit est généralement recherché des rongeurs.
Le noisetier a un pollen allergisant.
Fagales>Betulaceae>Corylus avellana
Indications phytosociologiques de Julve: associations arborescentes pionnières des contextes forestiers mésotrophes. Corylo avellanae – Populion tremulae Braun-Blanquet 1961 ex Rivas-Martínez & Costa 1998
Lieu(x) où la plante est photographiée: sud de la Creuse
